Halifax – AIMS divulgue aujourd’hui les résultats d’une recherche importante selon laquelle les subventions fédérales au Canada Atlantique ont nuit et non contribué à son économie et dans laquelle on affirme que les coupures gouvernementales ont stimulé l’économie de la région au cours des dernières années.

Cette recherche «changera notre façon de voir l’économie du Canada Atlantique», affirme Brian Lee Crowley, président de AIMS au sujet du premier ouvrage publié par l’Institut, intitulé «Looking the Gift Horse in the Mouth: the Impact of Federal Transfer on Atlantic Canada» (Les répercussions des paiements de transfert fédéraux sur le Canada Atlantique), dont l’auteur est Fred McMahon, analyste principal de AIMS. Un «petit» coussin de 400 000 $ pour chaque Canadien de l’Atlantique

Les subventions aux régions, non pas ce qu’Ottawa dépense au Canada Atlantique, mais bien la différence entre les dépenses et les recettes, sont énormes. Ottawa aurait pu mettre de côté la somme de 400 000 $ par habitant de la région, c’est-à-dire plus d’un million de dollars par famille, si cette différence avait simplement été placée dans des effets à court terme à compter de 1971. Cela représenterait environ un trillion de dollars, près de deux fois la dette nationale.

Cette comparaison contre-factuelle est utilisée à titre d’exemple, mais cela nous donne une idée du coût d’opportunité de ces subventions. Dans le passé, ces subventions ont représenté 40 p. 100 du PIB de la région, mais depuis, elles sont tombées à moins de 20 p. 100.

Au Canada Atlantique, l’économie a connu une croissance rapide par rapport au reste du pays, malgré la compression des dépenses fiscales qui a entraîné la réduction des subventions régionales au cours des années 80 et 90. Au cours de cette période, la croissance économique du Canada Atlantique a constamment pris de l’avance par rapport au reste du pays et on a comblé un tiers de l’écart qui existait entre le PIB national et celui du Canada Atlantique.

La réduction des subventions au cours des dernières années a atténué les distorsions qui entravaient la croissance économique au Canada Atlantique. Dans «Gift Horse», on explique comment l’infusion massive de subventions, particulièrement dans les années 70, ont créé ces distorsions, augmenté les coûts des producteurs du Canada Atlantique, freiné les investissements provenant du secteur privé et fait croître le taux de chômage par rapport au reste du pays. La croissance économique qui, par le passé, avait été vigoureuse au Canada Atlantique est devenue léthargique et le tableau du commerce de la région s’est assombri au fur et à mesure que la montée des coûts a provoqué un déplacement de la demande régionale vers les produits d’importation.

L’idée que les subventions aux régions portent atteinte à la croissance économique et qu’une réduction à ce niveau favoriserait l’économie ne découle peut-être pas d’un raisonnement politique traditionnel, mais cette idée se range remarquablement bien à la théorie économique traditionnelle, à l’évolution de l’économie du Canada Atlantique au cours des 35 dernières années et à l’expérience d’aide à l’étranger.

«Cette recherche démontre que les Canadiens de l’Atlantique peuvent s’en tirer d’eux-mêmes; qu’ils n’ont pas à dépendre du reste du Canada pour assurer leur bien-être et leur avenir économique, déclare McMahon. L’expérience canadienne de subventions régionales massives a fait plus de tort que de bien.»


Sur le plan constitutionnel, politique et financier, les subventions aux régions sont devenues la pierre angulaire du Canada. La plupart des analystes affirment: (1) que tout au moins les subventions du fédéral augmentent le revenu des particuliers et (2) que même si elles ne stimulent pas la croissance économique, elles n’ont pas de répercussions néfastes sur l’économie de la région. Ces deux affirmations sont incorrectes.

On a constaté que la croissance économique du Canada Atlantique a dépassé celle du reste du pays et que l’écart entre les PIB respectifs (Canada et Atlantique) a rétréci à deux époques de l’histoire: d’abord, quand les subventions étaient peu élevées au cours des années 60 et, plus récemment, lorsqu’elles ont été comprimées. La croissance régionale a seulement fléchi lorsqu’Ottawa a augmenté considérablement le niveau des subventions au cours des années 70.

Par ailleurs, la croissance du revenu des particuliers de la région dépasse de façon constante la moyenne canadienne, mais cette croissance n’est aucunement liée aux subventions. Que le fédéral ait multiplié les subventions (elles ont déjà atteint 5 000 $ par habitant en dollars actuels) ou resserré les cordons de sa bourse (comme c’est le cas ces dernières années), la croissance du revenu au Canada Atlantique continue de dépasser la moyenne nationale à un taux constant.

En raison du rapport qui existe entre le PIB et le revenu des particuliers, on estime que chaque dollar de subvention fédérale étouffe l’équivalent d’un dollar d’activité commerciale dans la région. Une recherche plus poussée permettrait de déterminer l’ampleur des effets néfastes, mais l’essentiel est de savoir si les subventions ont sérieusement enfreint la croissance économique régionale, si elles ont obligé le Canada Atlantique à la dépendance et porté atteinte à sa force économique inhérente.

À cet égard, les preuves sont convaincantes, appuyées d’analyses statistiques et de preuves empiriques provenant des diverses sources de données, et confirmées par l’histoire économique régionale.

«Ces résultats remettent en question certaines hypothèses de base du fédéralisme fiscal au Canada. Si l’on arrive à bien comprendre les mécanismes en oeuvre ici, il sera peut-être possible de développer un régime fiscal raisonnable qui répond réellement aux besoins des régions, sans pour autant mener à des distorsions économiques», de dire McMahon.


Rajustements difficiles


Le déclin des subventions régionales contribuera à libérer le Canada Atlantique des distorsions économiques et à remettre l’avenir économique de la région en bonnes mains, celles de sa propre population. Cependant, il ne sera pas facile de se défaire d’une dépendance qui a duré 35 ans.

. Certains secteurs et certaines régions seront plus durement frappés et s’en remettront moins facilement que d’autres. Il est utile de répéter, toutefois, que malgré la réduction massive des subventions du fédéral au cours de la dernière décennie, la croissance du revenu des particuliers de la région a continué à dépasser la moyenne canadienne à un rythme constant.

Les perspectives à long terme sont très bonnes. La croissance régionale a déjà pris de l’essor et l’histoire de la région démontre que le Canada Atlantique s’en tire mieux lorsqu’il est en mesure de commercer librement avec d’autres marchés, ce qui devient de plus en plus possible au fur et à mesure que tombent les barrières commerciales à l’échelle nord-américaine et mondiale. Les exportations régionales sont déjà en forte expansion.

«Cet ouvrage offre un regard neuf sur ce que nous avons glané de nos propres mythes sur la dépendance et la faiblesse économique de la région. Il nous démontre non seulement que nous pouvons faire mieux, mais que nous sommes déjà sur la bonne voie», de dire Crowley.

 


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