[HALIFAX] – «Une critique alarmante des politiques régionales mises en œuvre au Canada atlantique depuis la Deuxième guerre mondiale.» Voilà comment Robert Mundell, lauréat canadien du prix Nobel, décrit le nouvel ouvrage de AIMS portant sur le rôle traditionnel du gouvernement au sein de l’économie de la région. Ce livre, rendu public aujourd’hui, est le travail d’un ancien analyste des politiques chez AIMS, Fred McMahon, et s’intitule Retreat from Growth: Atlantic Canada and the Negative-Sum Economy.

Dans son prologue, le professeur Mundell, membre du conseil consultatif de recherche de l’institut, affirme que :

Dans sa conclusion, l’auteur fait des recommandations qui méritent certainement l’attention soutenue des économistes et des chefs décisionnels du gouvernement. Les dépenses publiques et l’impôt doivent reprendre des dimensions normales par rapport à leur taille démesurée actuelle. L’affectation des paiements de transfert à la réduction des impôts plutôt qu’à des dépenses inconsidérées aurait pour effet d’attirer les investisseurs au Canada atlantique. Toutefois, McMahon se rend bien compte que cette réforme susciterait l’opposition des politiciens fédéraux, car les dépenses attirent davantage les votes que ne le font les réductions d’impôts.

D’emblée, l’auteur fait l’observation suivante : le Canada atlantique a mis deux fois plus de temps à combler le retard par rapport à la prospérité canadienne que ne l’avaient prédit les théoriciens en économie et l’expérience d’économies en difficulté des États-Unis, du Japon et des pays en développement. Cette mauvaise performance n’est pas attribuable au manque d’initiatives et de dépenses publiques faites à l’appui du développement économique régional. Au contraire, les subventions sous diverses formes versées au Canada atlantique ont de loin dépassé le niveau des subventions faites dans presque toutes les régions comparables des pays développés.

McMahon démontre que le PIB du Canada atlantique serait plus élevé — de quelque 1,700 $ par personne — si ce dernier avait simplement atteint la bande inférieure de croissance moyenne des régions moins prospères de l’Europe, des États-Unis ou du Japon. Il s’agit de pays développés où les politiques régionales sont inexistantes ou minimes à comparer aux programmes de développement régional canadiens.

«Loin de donner un coup de pouce à l’économie, les programmes de développement et les paiements de transfert ont introduit une composante politique à l’économie de la région, ce qui a eu pour effet d’entraîner les compagnies à cultiver leurs liens politiques plutôt que de rehausser leur compétitivité ; d’appuyer des activités économiques désuètes, souvent dangereuses ou non écologiques ; de faire fuir les investisseurs privés ; d’accroître les coûts et de réduire les incitations au travail, aux études et au perfectionnement», affirme McMahon.

Dans son ouvrage, McMahon révèle un certain nombre de faits surprenants à l’égard de l’économie du Canada atlantique :

Au cours de nombreux mois de l’année, le nombre de prestataires d’assurance-emploi au Canada atlantique est plus élevé que son nombre de chômeurs inscrits. Avant les réformes apportées à l’assurance-chômage, les prestataires étaient deux fois plus nombreux que les chômeurs inscrits.
Malgré le nombre de chômeurs qui dépasse les dix pour cent et les dizaines de milliers de prestataires d’assurance-chômage / emploi, le Canada atlantique manque de main-d’œuvre, même d’ouvriers non qualifiés, ce qui empêche l’expansion des entreprises et limite leur capacité à créer des emplois à l’année.
Les pêcheries au Canada atlantique, loin d’être une activité traditionnelle, sont devenues un artifice du gouvernement. Malgré le rétrécissement des stocks de poissons et l’amélioration des technologies, le nombre de personnes employées au sein de l’industrie lors de l’effondrement de la pêche à la morue était de deux fois et demi plus élevé qu’il ne l’était en 1961.
Retreat from Growth se veut un complément au livre Road to Growth de McMahon publié par AIMS en janvier dernier. Dans Road to Growth, l’auteur relate l’expérience très variée de divers endroits moins prospères, tels l’Irlande, la Hollande et la Géorgie dans le sud des États-Unis, où l’adoption de politiques publiques a provoqué une croissance vigoureuse de l’économie. L’ouvrage résume l’approche adoptée :

On a constaté qu’il est inutile d’essayer de relancer les industries en perdition. On doit contrôler la dette publique, baisser les impôts et offrir au public des services de qualité équivalant au niveau des impôts perçus. Les politiciens ne doivent pas se mêler des décisions portant sur le placement des fonds publics, qu’il s’agisse d’investir dans les infrastructures publiques ou dans le secteur privé. Il faut davantage inciter les gens au travail en apportant des changements à l’aide sociale. La profitabilité du secteur privé doit s’accroître. Les coûts, y compris les coûts de la main-d’œuvre, doivent être maintenus à un niveau très concurrentiel. Toutes ces mesures créent un environnement politique dans lequel le secteur privé a tout intérêt à investir et à accroître sa capacité de production et où les travailleurs ont tout intérêt à travailler fort et à accroître leurs compétences. Au fur et à mesure que les apports en capitaux prennent de l’ampleur et que les travailleurs deviennent plus compétents, les salaires nets et, du coup, les recettes fiscales augmentent, ce qui a pour effet de créer un cercle vertueux. C’est ainsi que la croissance s’accélère et les succès se multiplient.

«Dans Retreat from Growth, on conclut que les réformes en matière de politique fédérale apportées au milieu des années 90, telles la restriction de l’accès à l’assurance-emploi et la diminution des paiements de transfert aux provinces, bien qu’inadéquates, étaient au moins conformes aux politiques publiques qui ont contribué à la remontée d’économies en difficulté», constate Brian Lee Crowley, président de AIMS. Il ajoute par ailleurs que «récemment, les signes d’un retour aux anciennes politiques inefficaces, tels de nouvelles subventions pour l’APECA et un recul par rapport aux réformes déjà timides de l’assurance-emploi, doivent susciter l’inquiétude chez tous ceux et celles qui ont à cœur la prospérité du Canada atlantique».

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Pour de plus amples renseignements, contactez :  

Brian Lee Crowley, président de AIMS, (902) 499-1998, [email protected]

Fred McMahon, auteur : (416) 893-8893 (du 18 au 23 juin seulement), [email protected]